Les stars sont-elles aussi égocentriques qu’on le prétend ? Voyez Robert Pattinson, 32 ans, dont dix de célébrité intersidérale depuis que la saga Twilight a transpercé les cœurs adolescents. Pas le genre, pour autant, à croire que le monde tourne autour de lui. Jusqu’à ce qu’on le lui apprenne, l’acteur ignorait qu’un astronome russe avait donné son nom à un astéroïde. « Whaou ! Quelle idée bizarre… », s’écrie-t-il, en contemplant sur son téléphone cet alter ego galactique.
Un lundi soir sur la Terre, dans un hôtel penta-étoilé du centre de Londres : Pattinson commande une cinquième tasse de thé. Ça l’aide, assure-t-il, à ne pas s’emmêler les pinceaux, lui dont l’agenda jongle entre les fuseaux, les créneaux, les plateaux. Il débarque de ses pénates hollywoodiens, s’apprête à rejoindre un tournage au Maroc, avec Johnny Deep et Mark Rylance. A peine le temps d’organiser un dîner avec ses parents, restés dans la capitale anglaise, où il a grandi. Et de rencontrer quelques journalistes à la volée : pas question de ne pas accompagner la sortie de High Life, le film joliment perché de Claire Denis.
Car Robert Pattinson ne fait pas qu’y interpréter Monte, le premier rôle. En amont, il a joué les directeurs de casting, dépêchant à la dernière minute le bébé de son meilleur ami pour incarner la fille de son personnage : « Nous avions choisi deux jumelles, mais lors des essais, ça ne collait pas, se souvient Claire Denis. La veille du tournage, Robert a sorti sa carte bleue, et organisé la venue de ses amis et de leur nourrisson. Ça a sauvé le film ! » En aval, il a posé sa voix diaphane sur la bande originale, ravivant ainsi sa passion adolescente pour le rock, qu’il pratiquait jadis en bande, passablement éméché : « Rien ne me plaisait autant que de défier un public hostile, lors de concerts improvisés, confie-t-il. Cette adrénaline me manque un peu. »
Robert Pattinson a décliné une superproduction interstellaire pour réserver à Claire Denis son tout premier saut dans l’espace
Pour High Life, il a dû vaincre d’autres résistances : celles de Claire Denis herself. Au moment d’écrire le scénario, elle avait en tête, dit-elle, « un homme âgé, fatigué de la vie ». Elle a songé à Philip Seymour Hoffman, approché Daniel Craig. Puis s’est rendue à l’évidence : « Monte, ce ne pouvait être que Robert. » C’est lui qui est allé la chercher : « Un beau jour, je suis tombé sur White Material (2009), puis j’ai dévoré toute la filmographie de Claire. J’étais bluffé par les performances de ses acteurs. Quand j’ai su qu’elle préparait un film de science-fiction, j’ai potassé en urgence la fiche Wikipédia sur les trous noirs, on s’est vus… Le pire, c’est que ça l’a fait ! », lâche-t-il avec autodérision.
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