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Good time: un polar poisseux et nerveux avec un Robert Pattinson méconnaissable

Loin de «Twilight», Robert Pattinson poursuit de rôle en rôle une carrière surprenante. Ad Vitam

CRITIQUE - Le troisième long-métrage de Josh et Benny Safdie tient la route et Pattinson, en voyou du Queens, confirme qu'il est un acteur qui aime s'aventurer là où on ne l'attend pas.

Depuis les Lumière, donc depuis l'invention du septième art, les frères sont en bonne place dans la grande famille du cinéma. Taviani, Coen, Dardenne, Wachowski (avant que les frères ne deviennent des sœurs), les réalisateurs qui vont par deux sont légion. Josh et Benny Safdie ne sont pas les plus connus des frangins cinéastes.

Good Time est leur troisième long-métrage. Ils grenouillent à la marge, dans les eaux noires du cinéma indépendant new-yorkais. Leur précédent long-métrage, Mad Love in New York , était la chronique de junkies dans la Grosse Pomme. Un sous Panique à Needle Park, sans Al Pacino, tourné à l'arrache dans le genre cinéma-vérité. Pas de quoi se relever la nuit. Retrouver les frérots en compétition au dernier Festival de Cannes était une surprise. Et avec Robert Pattinson en tête d'affiche, leur sélection sentait plus la prime à la star que la pépite.

On avait tort de se méfier. Le film tient la route et Pattinson confirme qu'il est un acteur qui aime s'aventurer là où on ne l'attend pas. Chez David Cronenberg (Cosmopolis, Maps to The Stars), Anton Corbijn (Life) ou James Gray (The Lost City of Z). Dans Good Time, on est loin de la tête de gondole pour ado de Twilight. Pattinson s'est fait une sale gueule (peau grasse, cheveux blonds filasses). Il joue Connie, un petit voyou. Son frère, Nick (Benny Safdie), est handicapé mental. Connie l'exfiltre d'une séance de psy. Les deux frères font penser aux héros de Des souris et des hommesde Steinbeck, les amis d'enfance George et Lennie. Le fûté et l'«idiot». Connie n'est pas si malin. Son idée de génie pour les sortir de la mouise: un braquage de banque avec des masques en caoutchouc.

Shoot d'adrénaline

Le film démarre à cent à l'heure. Un «shoot» d'adrénaline pur, à l'image d'un tournage guérilla dans un New York qui n'a pas grand-chose à voir avec la 5e Avenue. Les frères se retrouvent coursés par la police. Ils sont séparés. Nick échoue en prison. Rikers Island. Nick n'est pas DSK. Il ne tarde pas à se faire massacrer par ses codétenus. Connie, lui, n'est qu'au début d'une nuit de cauchemar. Il lui manque 10.000 dollars pour payer la caution de son frère. Sa petite amie (Jennifer Jason Leigh) rêve de vacances au soleil. Elle attendra.

Good Time aurait pu s'appeler Mean Streets, si le titre n'avait pas déjà été pris par Scorsese. Les rues du Queens, le quartier où les Safdie ont grandi, ne sont pas moins méchantes que celles de Little Italy. On pense aussi à une version poisseuse d'After Hours. Seuls les néons donnent une touche de couleur à la nuit new-yorkaise des Safdie. Et le train fantôme du Luna Park où échoue Connie. Dans cet enfer urbain, le blond Pattinson n'est pas un ange, prêt à tout pour mettre la main sur une bouteille d'acide convertible en dollars.

L'électro nerveuse d'Oneohtrix Point Never donne à l'errance nocturne de Connie la violence hallucinogène d'un bad trip.Good Timeest tout à la fois un film sur New York, la drogue et la fratrie. Trois malédictions, semblent nous dire les frères Safdie.

Good Time Thriller de Josh et Benny Safdie.
avec: Robert Pattinson, Benny Safdie et Jennifer Jason Leigh...
durée: 1 h 40.

Good time: un polar poisseux et nerveux avec un Robert Pattinson méconnaissable

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2 commentaires
  • GeoffroyStern

    le

    Le récit touchant d'une descente aux enfers inéluctable. Belle description de la relation poignante entre deux frères.

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