GQ - Octobre 2017

Robert Pattinson, entretien avec un ex-vampire

À 31 ans, et après sa période blockbusters, Robert Pattinson se tourne exclusivement vers le cinéma d’auteur. Exemple avec Good Time, film indépendant actuellement à l’affiche. Pour l’occasion, GQ a demandé à son ami, le réalisateur Romain Gavras, de l’interviewer via WhatsApp. Rencontre d’un nouveau type.
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Photographies Cédric Bihr

Rares sont les acteurs qui luttent autant contre leur image. Même Leonardo DiCaprio n’est pas allé aussi loin. Il a d’abord joué avec son statut, laissé le temps oeuvrer puis changé de registre alors qu’il n’avait plus le choix. Robert Pattinson, lui, met une énergie folle à égratigner sa figure de jeune premier à peine façonnée. Comme si, et c’est sans doute le cas, se libérer de l’attraction supranormale qu’il provoque chez les autres constituait une condition sine qua non à sa santé mentale. Comme s’il devait s’éloigner du sublime pour rejoindre les vivants. Seulement l’acteur anglais cumule les handicaps. Une saga pour teenagers au succès planétaire et une beauté physique hors norme. Si depuis 2012 et la fin de la série Twilight, il n’apparaît plus que dans des films d’auteur (David Cronenberg, Werner Herzog, Anton Corbijn, James Gray…), son double médiatique et le personnage du vampire Edward Cullen continuent de provoquer des sensations fortes chez les jeunes filles. Avec Good Time de Josh et Ben Safdie, il se rapproche de son objectif. Dans sa carrière et dans sa vie en général, il y aura un avant et un après Good Time. Tout autant fascinés par son visage que Cronenberg avant eux, les frères Safdie, deux jeunes réalisateurs new-yorkais auteurs de ce polar noir et violent, filment Pattinson de la première à la dernière seconde. Déambulant les traits boursouflés dans les rues du Queens, Connie, son personnage, est un anti-héros vraiment pas sympathique auquel l’acteur prête toute son ambivalence. Car Rob est un garçon complexe.

Lorsqu’on le rencontre à paris pour la séance photo, il est d’une politesse et d’une timidité déroutantes. À intervalles réguliers, son regard croise son image dans le miroir, des sourires ponctuent ses phrases – qu’il ne termine que rarement – et le rose lui monte vite aux joues. Il est célèbre, travaille sans arrêt et considère qu’il a gagné le droit de se taire. Car aussi bien élevé soit-il, Pattinson ne parle pas. Après le traumatisme Twilight – la vie de nomade pour fuir les fans et les photographes, le harcèlement de ses proches –, il esquive, il filoute et enchaîne les interviews sans donner prise. Pour contourner l’obstacle, nous avons proposé à son camarade, le réalisateur Romain Gavras (Notre jour viendra, 2010), de se substituer à nous, plus précisément, de « discuter avec Rob ». Gavras, avec lequel il a tourné une pub pour Dior en 2013, termine alors son deuxième long métrage. Une comédie avec Karim Leklou, Isabelle Adjani, Vincent Cassel et Oulaya Amamra. Petit prodige du clip viral, de la pub qui chahute les marques et cofondateur du collectif Kourtrajmé, Romain Gavras filme l’ultraviolence et le nihilisme de l’époque sans faux-semblant. Il flirte souvent avec la polémique et ce n’est pas pour déplaire à son ami Rob. Leur rencontre doit se faire à Paris, ou est-ce à Londres ? L’omniprésente attachée de presse de l’acteur perd le fil, nous aussi. Quand l’un est à Los Angeles, l’autre est en Grèce. Quand l’un est disponible, l’autre s’est dissous dans la nature. Catch me if you can. Ils s’amusent avec le système pourtant très verrouillé de la promotion qui accompagne la sortie d’un film avec une mégastar hollywoodienne. Il n’y aura finalement pas d’entrevue, ni même de coup de téléphone – en tout cas pas officiellement – mais une conversation WhatsApp suggérée par Romain Gavras. Il est alors en Italie, quelques jours avant de commencer le montage de son film. Pattinson continue sa tournée promotionnelle à New York. On ne connaîtra jamais la date exacte à laquelle a eu lieu leur conversation mais on sait qu’elle débute précisément à 17h49 et s’achève à 19h07. La voici. Dans son jus.

Retrouvez l'entretien entre Robert Pattinson et Romain Gavras dans GQ - octobre 2017, en kiosques.